Facteurs d'échec et de réussite chez les étudiants
Retour sur le cours de Dorothée Baillet « Connaître son public » pour dresser le portrait de nos étudiants.
Au fil des séances de cours, Dorothée nous a présenté et organisé différentes activités permettant d’analyser notre public sous les prismes de l’échec et de la réussite. Le but final est de construire une nouvelle grille de lecture permettant de mieux connaître nos étudiants, d’enrichir nos personas et a fortiori nos projets.
Ce billet se veut le résumé de mes notes de cours enrichies de quelques réflexions sur le sujet. Les différentes questions qui y sont énoncées pourraient être reprises afin de construire cette grille d’analyse.
L’héritage du secondaire
Les cours suivis par les étudiants durant les années de secondaire peuvent avoir une influence directe sur leur choix d’études supérieures d’une part, mais aussi sur leur vécu de celles-ci.
Combien d’heures de math ou de sciences ont-ils suivis ? Quelle filière ont-ils suivie ? Ont-ils effectué un séjour à l’étranger ou pris une année sabbatique avant de s’inscrire dans le supérieur ? Quelles différences voient-ils entre le secondaire et le supérieur ?
Ce dernier aspect est intéressant puisqu’il semble que des étudiants ne voyant que des différences quantitatives (charge de travail, par exemple) ont moins de chance de réussir que s’ils identifient des différences qualitatives (cours plus ouverts, plus critiques et approfondis, par exemple) [1].
Quelques facteurs d’échec et de réussite
Suite à la mise en commun de réflexions avec d’autres participants de l’ESNU, quelques éléments ont pu être mis en évidence au sein de mes premiers personas, facteurs qu’on peut aussi retrouver dans le persona révisé.
Réussite
- Motivé par un bonus
- Présence d’exercices
- Révision régulière pour préparer les laboratoires
- Bonne articulation entre la théorie et la pratique
- Prise de notes attentive
- Avoir beaucoup d’exemples pendant le cours
Échec
- Problème de rythme qui n’est pas nécessairement adapté à tout le monde.
- Supports de cours trop pauvres qui ne soutiennent pas l’apprentissage
- Utilisation difficile ou absconse du matériel
- Trop de matière, problème d’assimilation
Il ne s’agit ici que d’une analyse primaire des profils de nos étudiants.
D’après Christophe Michaut, « À l’université, 50 % des facteurs de réussite restent inexpliqués. » [2]
Mais si 50 % sont inexpliqués, les autres 50 % sont-ils correctement expliqués ? A-t-on vraiment compris pour les étudiants réussissent dans ces cas, ou ne sont-ce que des corrélations ?
Catégorisation des étudiants
Plusieurs lectures nous ont permis de catégoriser les étudiants. Les résumés de ces derniers sont accessibles directement dans mes notes de cours.
Il pourrait être intéressant de reprendre ces catégories sur des échelles critériées dans une enquête à proposer aux étudiants afin de connaître leur positionnement par rapport à leur enseignement. Ces informations seraient très utiles pour dresser des personas précis et fidèles de notre public.
Auto-régulation des apprentissages
Nos apprenants sont-ils capables de se mettre au travail et de s’y maintenir ? Ont-ils des stratégies volitionnelles ? Ces dernières peuvent être :
- Internes :
- Gérer son temps.
- Son environnement.
- Ses ressources.
- Externes :
- Déploiement attentionnel, être capable de s’observer soi-même, de contrôler notre propre attention.
- Gestion de la motivation, en s’accordant par exemple des récompenses.
- Contrôle de nos émotions
Influence de l’institution
L’institution dans laquelle évoluent les étudiants à forcément une influence sur leur réussite. Non seulement les niveaux d’exigence peuvent varier, mais le choix de la filière est aussi essentiel. Cette dernière change non seulement le type de population (et donc notamment son rapport avec ses études secondaires, comme discuté plus haut), mais aussi le rapport à l’avenir que peut avoir l’apprenant. Avoir des débouchés clairs est un atout et permet une meilleure motivation de l’étudiant dans sa formation.
Les filières techniques jouissent généralement de cet avantage et on pourrait penser que Polytech entre dans cette catégorie.
Pourtant il est assez paradoxal de se rendre compte que nombre d’étudiants n’ont pas une vision claire des débouchés possibles avant d’entrer en master, voire encore plus tard.
Est-ce à cause de la richesse et de la diversité du métier d’ingénieur ?
Est-ce à cause de la multiplicité des filières qui explosent d’autant plus les débouchés possibles ?
Est-ce parce que cette formation est bien souvent un choix par défaut pour des étudiants qui ne veulent pas se limiter à un domaine particulier en entamant leurs études supérieures ?
Nous mettons peut-être ici le doigt sur l’un des pièges de Polytech : à penser qu’on peut tout faire, on ne sait pas ce qui est réellement possible, on entretient un brouillard dans lequel on se perd.
L’institution ne consiste pas uniquement en un choix de filière, elle s’accompagne aussi d’enseignants qui influencent à leur tour la réussite de leurs étudiants. Ainsi, l’interactivité de l’enseignant semble bénéfique pour la réussite de ses étudiants, sans doute lié à l’effet maître.
Influence des savoirs
Il est intéressant de se poser la question du rapport qu’a l’étudiant avec son savoir, rapport qui se construit dans le temps selon trois registres :
- Qu’est-ce que j’apprends ?
- Pourquoi j’apprends ?
- Avec qui j’apprends ?
Il est ainsi édifiant qu’il est parfois nécessaire d’avancer dans le cours pour en comprendre le début, bien qu’à mon sens ce soit le signe d’un problème de construction de l’accès au savoir. Il ne doit pas nécessairement être incrémental, mais le sens du cours ne devrait pas échapper à l’apprenant parce qu’il n’a pas les outils nécessaires pour le comprendre.
À une échelle temporelle plus locale, les étudiants sont aussi souvent confrontés à des supports plurisémiotisés, reprenant plusieurs types de représentation, ou polyphoniques, avec des voix différentes ayant des fonctions différentes qu’il faut d’autant mieux clarifier. Cette multiplicité de la présentation du savoir est à double tranchant pour l’étudiant : la moindre discordance peut être bloquante et parfois, moins vaut mieux que trop.
Dans le cadre des différents cours d’électronique que j’encadre et faisant l’objet de mes deux projets, les supports sont effectivement plurisémiotiques : graphes, schémas, photographies, textes et équations cohabitent gaiement sur des supports de cours à la fois physiques, oraux et numériques. Comment nos étudiants jonglent-ils entre eux ? En préfèrent-ils certains ? Avons-nous des communications redondantes voire superfétatoires envers eux ?
Connaître notre public, ses stratégies, son parcours, ses rapports aux savoirs, à l’institution et à lui-même sont autant d’outils essentiels pour leur garantir les meilleures chances de réussite et afin de leur proposer des outils d’apprentissage toujours plus pertinents.